Le week-end de Pâques, lorsque le beau temps est au rendez-vous dans ma Normandie chérie (ahem), il est de coutume dans ma famille de consacrer le dimanche après-midi à une jolie balade. J’avoue cette fois-ci avoir un peu insisté pour que l’on retourne dans un endroit qui m’avait beaucoup marquée pendant mon adolescence : le musée Victor Hugo à Villequier. Car le destin de ce petit bourg en bord de Seine, entre Rouen et Le Havre, s’est vu lié à celui de l’écrivain au détour d’un événement tragique. C’est en effet ici que Léopoldine Hugo s’est noyée avec son mari Charles Vacquerie. C’est d’ailleurs à la suite de ce drame qu’Hugo composa le célèbre poème Demain dès l’aube…
Villequier est un charmant village, lové dans l’avant dernière boucle de la Seine, qui tire son identité du fleuve. La promenade le long de la Seine pour rejoindre le centre-bourg offre de belles perspectives sur ce dernier, assez large à cet endroit. Elle donne aussi à voir de belles maisons en briques et à colombages, précédées de jolis jardinets. La petite ville compte tout de même deux églises, cinq châteaux et plusieurs manoirs. Le manoir le plus célèbre est sans nul doute la maison Vacquerie qui accueille aujourd’hui le musée Victor Hugo.
C’est à Charles Isidore Vacquerie (1779-1843) que l’on doit la maison actuelle, qui constituait une résidence secondaire pour la famille domiciliée au Havre. Son premier fils, Charles, épousa donc Léopoldine Hugo, première fille de Victor Hugo, le 15 février 1843. Mais c’est son second fils, Auguste, admirateur de l’écrivain, qui permit le rapprochement entre les familles Hugo et Vacquerie, liées plus tard par le drame du 4 septembre 1843. Durant la visite du petit musée Victor Hugo, qui appartient à la Route des Maisons d’Ecrivains, la vie de la famille Vacquerie est évoquée, mais c’est surtout celle de Victor Hugo et de son entourage qui embaume les lieux : sa relation avec son épouse Adèle, celle avec sa maîtresse Juliette Drouot, ses engagements politiques, sa vie de grand-père, le drame de Villequier, l’exil à Guernesey…
Le musée Victor Hugo, un poil désuet, restitue tout à fait le charme d’une demeure du XIXe siècle et est empreint de beaucoup de solennité. Surtout lorsque le drame est raconté : ils étaient quatre dans la barque qui a chaviré non loin de la maison familiale : Léopoldine, Charles ainsi qu’un oncle de ce dernier et son fils. Charles a essayé à plusieurs reprises de sauver Léopoldine, en vain, et s’est ensuite laissé couler pour accompagner sa jeune épouse dans la mort. Ils sont d’ailleurs inhumés au cimetière de Villequier (où se trouvent également les tombes d’Adèle, l’épouse, et d’Adèle, la seconde fille) dans le même cercueil et la même tombe. Victor Hugo, qui apprendra la nouvelle quelques jours plus tard dans le journal « Le Siècle », écrira en 1856 Les Contemplations, une oeuvre de deuil dans laquelle la disparition du jeune couple occupe une place centrale, et dans laquelle il mentionne le village de Villequier.
Les ruelles de Villequier, très calmes, avec des passages donnant sur la Seine, font parfois penser à celles de La Bouille. On y croise de belles maisons normandes et même des petits coins de campagne. Au détour de certaines ruelles, désertes en ce dimanche, on peut se laisser croire que l’on a remonté le temps tant le lieu est paisible !
Cette sortie à la campagne et en bord de Seine s’inscrit parfaitement dans nos balades de Pâques en famille. Je crois bien que je ne me lasserai jamais de découvrir et redécouvrir ma si jolie Normandie !
Je vous laisse avec le poème qu’adolescente j’avais appris par cœur (oui j’avais déjà des occupations très culturelles !)
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Une bien jolie découverte aujourd’hui via Facebook, c’est bien de toujours apprendre des choses, entre autres sur Victor Hugo, et je vais continuer à explorer votre site qui recèle j’en suis sûr bien d’autres pépites, bravo.
Dan
Dan : merci beaucoup pour votre gentil commentaire, qui me fait bien plaisir ! Et bienvenue par ici :)
merci pour cette belle promenade à Villequier.
c’ est un trés beau musee.
Bonjour Louise
Merci pour cette balade avec Victor Hugo, qui m’a permis de redécouvrir Villequier et bonne idée d’avoir mis le poème, il est très évocateur !
A bientôt, continue !
Lyne-Rose, Yann : merci beaucoup pour vos retours, qui me vont droit au cœur :)