Osiris, mystères engloutis d’Égypte

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Ce que j’aime le plus lorsqu’arrive l’automne, c’est reprendre le chemin des grandes expositions parisiennes ! Pour inaugurer cette rentrée culturelle, j’ai eu la chance d’assister au vernissage de l’exposition Osiris, mystères englouties d’Egypte, qui se tient jusqu’au 31 janvier 2016 à l’Institut du monde arabe. 250 objets, retrouvés au cours de 7 années de fouilles sous-marines menées par l’archéologue et commissaire de l’exposition Franck Goddio, sont présentés. Près de 40 œuvres provenant des musées du Caire et d’Alexandrie – qui pour certaines sortent pour la première fois d’Egypte – sont également exposées dans des espaces somptueusement mis en scène. Le visiteur est invité à plonger dans les deux villes englouties de Thônis-Héracléion et Canope, où étaient célébrés les « Mystères d’Osiris », et est ainsi convié à suivre les processions nautiques et les rituels dédiés au passage dans l’au-delà du plus emblématique des dieux égyptiens.

Tout au long du parcours, les œuvres issues des fouilles sous-marines (exposées sur un fond gris) dialoguent avec les œuvres prêtées par l’Egypte (exposées sur un fond rouge). L’histoire des fouilles archéologiques en baie d’Aboukir, près d’Alexandrie, vient ponctuer les trois séquences de l’exposition Osiris, mystères englouties d’Egypte. Histoire qui a commencé en 1881, avec la découverte d’une stèle où était inscrit le décret de Canope. Il y était fait mention d’une cérémonie nautique au cours de laquelle on emmenait Osiris du temple d’Amon Gereb situé à Thônis jusqu’à son sanctuaire de la ville de Canope. La mission de l’Institut Européen d’Archéologie Sous-Marine (IEASM), dirigée par Franck Goddio, a donc mis à jour les cités de Thônis-Héracléion et de Canope, submergées depuis le VIIIe siècle, ainsi que des vestiges des temples évoqués dans le décret. Des fondations, des artefacts, des statues, des objets liturgiques, des instruments rituels, des offrandes cultuelles ont été découvert sur le site des deux villes qui sont toujours en cours de fouilles.

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L’exposition Osiris, mystères englouties d’Egypte revient dans un premier temps sur le mythe d’Osiris. Fils du Ciel et de la Terre et dieu bienfaisant, Osiris est trahi et tué par son frère Seth. Ce dernier le découpe en 14 morceaux qu’il disperse dans toute l’Egypte. Isis, la sœur-épouse d’Osiris, part en quête des morceaux de son défunt mari et finit par les réunir. Par son amour, elle réussit à faire revivre son époux et de leur union posthume nait Horus, qui vengera son père et deviendra le roi légitime de l’Egypte. Osiris deviendra quant à lui le Maître de l’au-delà et le juge des défunts. Dans la première salle de l’exposition, la statue monumentale d’Hâpy, dieu de la fertilité symbolisant le Nil, rappelle qu’Osiris, identifié aux crues du fleuve, renaît au moment où les champs reverdissent.

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Dans un deuxième temps, l’exposition Osiris, mystères englouties d’Egypte s’attache aux « Mystères », tels qu’ils se déroulaient à Thônis puis à Canope. D’une durée de 21 jours, cette célébration commémorait et renouvelait la légende fondatrice de l’Egypte et ce, tous les ans, au quatrième mois. Deux figurines à l’effigie du dieu étaient alors fabriquées. Elles sortaient du temple de Thônis sur une barque, accompagnées des cris de la foule et des louanges des prêtres. La procession nautique parcourait ensuite 3,5km pour rejoindre le sanctuaire d’Osiris à Canope où étaient inhumées les figurines. D’autres cérémonies secrètes célébraient la résurrection du dieu. La tradition s’est perpétuée durant les époques pharaoniques, grecques (pendant laquelle la ville a pris le nom d’Héracléion) et romaines, afin d’assurer le mythe du dieu mais aussi l’abondance et la stabilité du pouvoir dynastique et de l’ordre cosmique. Dans les salles dédiées aux « Mystères », la photographie d’une barque de 11m retrouvée en baie d’Aboukir embrasse les figurines divines, les amulettes, les pièces d’orfèvrerie mais aussi un magnifique « Osiris végétant » sur son lit funèbre. Une statue de la reine Arsinoé sous l’apparence de la déesse Isis-Aphrodite clôt cette section.

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La fin de l’exposition Osiris, mystères englouties d’Egypte s’attarde sur la postérité du mythe d’Osiris. Les connivences entre les légendes d’Osiris et de Dionysos, qui remontent au VIIe siècle (période à laquelle les Grecs s’établirent en Egypte,) sont évoquées : le démembrement et le retour à la vie lient ces deux rois civilisateurs. Dans la dernière salle, la statue de Thouéris, déesse hippopotame de la maternité – d’un poli remarquable -, côtoie la statue d’Horus-faucon protégeant pharaon entre ses pattes.

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La visite, très bien documentée, peut être complétée par un média-guide. Disponible en 5 langues et en version jeune public, il offre tout au long du parcours – en localisant le visiteur dans l’exposition – du texte, de l’audio mais aussi de la vidéo, pour une expérience augmentée. Il propose aussi des contenus supplémentaires post-visite via internet.

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S’il y a une exposition à voir en ce moment, je ne peux que vous conseiller celle-ci, qui sera amenée à voyager dans les grandes villes européennes. La scénographie et l’atmosphère qui en découle sont exaltantes ! Quant aux œuvres millénaires, pourtant si bien conservées, et aux histoires qu’elles racontent, elles sont on ne peut plus émouvantes. Osiris, mystères engloutis d’Egypte nous emmène dans une Egypte éternelle qu’on a plaisir à redécouvrir ! (Et je ne dis pas ça parce que petite, je voulais être égyptologie et collectionnais tout ce que je pouvais trouver sur le sujet !)

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Plus d’infos sur le site de l’IMA et sur le site de l’exposition

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