L’Abbaye de Bonport

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Trop contente de renouer cette année avec notre sortie familiale et culturelle du dimanche de Pâques ! J’adore cette petite tradition lors de laquelle on part aux quatre coins de ma Normandie chérie, à la découverte de ses jolies villes et monuments. Cette fois, c’est en fouillant sur le site d’Eure tourisme que j’ai trouvé l’endroit parfait à visiter après notre déjeuner pascal. La légende liée à la fondation de l’Abbaye Notre-Dame de Bonport, située à Pont-de-l’Arche (à 25mn de Rouen) m’a d’ailleurs bien appâtée. D’après cette dernière, lors d’une partie de chasse à l’été 1189, le roi Richard Cœur de Lion, poursuivi par un cerf, faillit périr dans la Seine. Il aurait alors fait vœu de fonder un monastère s’il parvenait à « bon port » sur cette rive du fleuve.

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L’Abbaye de Bonport appartient dès sa fondation à l’ordre de Cîteaux, un ordre religieux qui aura une influence architecturale et culturelle importante dans toute l’Europe du XIIe siècle. Dès 1189, les moines de l’abbaye Notre-Dame du Val, près de Paris viennent s’y installer et entreprennent rapidement la construction des bâtiments monastiques, tels que le réfectoire, le scriptorium et la salle capitulaire. L’abbaye est alors dotée de biens importants en terres, vignes, droits de pêche, etc, et connaît son âge d’or dans la première moitié du XIIIe siècle. La suite de son histoire sera plus mouvementée. A partir du XIVe siècle, l’abbaye va souffrir de nombreux conflits, notamment de la Guerre de Cent ans, du fait de sa position stratégique sur la Seine. Au XVe siècle, des donations royales de Charles VI et Louis XI permettent sa restauration. En 1539, le régime de la commende est instauré et met fin à la vie monastique, telle que les moines l’avaient voulue au Moyen-Age, puisque les abbés sont désormais nommés par faveur royale. Au XVIIe et XVIIIe siècle, de grandes transformations ont lieu notamment dans le dortoir et la bibliothèque. A la Révolution, l’Abbaye Notre-Dame de Bonport est vendue comme bien national et subit alors de nombreuses démolitions : l’église abbatiale, le cloître et le bâtiment des convers sont détruits. Elle est restée depuis dans le domaine privé et a été classée monument historique en 1942. Ses actuels propriétaires, passionnés par le site, ont entamé sa restauration et un important travail de médiation. Ils organisent des manifestations culturelles – expositions, théâtre – et louent les bâtiments du rez-de-chaussée pour les séminaires, réceptions et cérémonies. L’abbaye fait également partie des 37 abbayes et 14 sites associés se trouvant sur la route historique des Abbayes Normandes.

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Sur les lieux de l’ancienne église, on aperçoit les vestiges des six travées de la nef et ceux du transept, avec ses chapelles orientées à l’est et un chœur avec déambulatoire sur lequel s’ouvraient d’autres chapelles. A l’emplacement de l’ancien cloître, on distingue au nord les murs de la cuisine, du réfectoire et du chauffoir (la seule pièce chauffée de l’abbaye au Moyen-Âge, car elle était attenante au scriptorium et qu’il ne fallait surtout pas que l’encre gèle !).

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Le réfectoire est un des plus bels exemples de l’architecture médiévale subsistant en Normandie. Ses voûtes en croisées d’ogives sont d’ailleurs caractéristiques du XIIIe siècle. Le pavage date également de cette époque et une partie du lavabo dans lequel les moines faisaient leurs ablutions est encore visible. Dans le scriptorium, où les moines passaient la plus grande partie de leur journée à recopier des textes, les voûtes attestent de l’architecture médiévale, sans fioritures, d’origine.

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Les autres bâtiments sont marqués par les transformations des siècles suivants. Le dortoir, qui occupe toute la longueur du 1er étage était à l’origine surmonté d’une voûte en bois et percé de petites ouvertures. Les moines dormaient ici sans feu, ensemble et sur de simples paillasses. Aujourd’hui, un large couloir dessert de grandes cellules individuelles aménagées au XVIIIe siècle, ainsi que la bibliothèque. La cuisine n’a plus grand chose de médiéval si ce n’est un morceau de fresque, mais vaut tout de même le détour.

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La singularité de l’Abbaye de Bonport – l’une des rares abbayes cisterciennes en Normandie où subsistent des bâtiments claustraux du Moyen-âge – mérite que l’on prenne le temps de s’y arrêter et d’en découvrir son histoire. D’ailleurs, à aucun moment nous n’avons regardé notre montre tant notre visite était passionnante. Il faut dire aussi que nous avons été accueillis par une guide hyper enthousiaste et que nous avons pu jouir d’une visite quasi privée (nous étions quatre) pour seulement 4€ par personne ! En bref, nous avons adoré cette parenthèse normande, qui a été sublimée par une jolie luminosité de fin de journée !

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Visites libres (gratuites) ou visites guidées, de 14h à 18h30, tous les dimanches et jours fériés d’avril à septembre, et tous les jours (sauf le samedi) en juillet et août

Plus d’infos sur le site et la page facebook de l’Abbaye de Bonport

D’autres infos sur le site et la page facebook d’Abbayes Normandes – route historique

9 commentaires sur “L’Abbaye de Bonport

    1. Le réfectoire est impressionnant, c’est clair ! Je n’ai eu pas eu le temps de me promener alentours la dernière fois, alors je note ! J’ai déjà hâte de revoir ma Normandie !

  1. Oh mais dis donc, je constate que nous avons beaucoup de points communs ! Moi aussi je sillonne la Normandie, une région que j’aime beaucoup, très riche en histoire. Belle abbaye que celle-ci. J’ai récemment découvert Jumièges et Le Bec-Hellouin que je te recommande.

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