La Corderie Vallois

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En creusant dans ma mémoire, je me suis souvenu avoir visité il y a bien longtemps, avec mon école (c’est dire comme ça me parait loin !), le musée industriel de la Corderie Vallois, fleuron historique de l’industrie textile haut-normande. Lors de la dernière Nuit des Musées, j’ai redécouvert avec enthousiasme ce majestueux bâtiment et son atmosphère si particulière. Situé à Notre-Dame-de-Bondeville, non loin de Rouen, il doit son nom à Jules Vallois, qui l’a converti à la fin du XIXe siècle en corderie mécanique, en y installant d’imposantes machines anglaises au rez-de-chaussée et de petites unités françaises au premier étage. On peut encore voir le bâtiment intact (classé à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques) et les machines en fonte datant de la fin XIXe et du début XXe (classées au titre des objets mobiliers du monument), toujours en état de marche. Actionnées par une roue à aubes, elles vibrent encore au rythme de la rivière Cailly. Je m’en vais donc vous conter l’histoire de la Corderie Vallois, qui, restaurée au moment de sa transformation en musée, restitue l’ambiance des ateliers d’usine et accueille en ce moment une passionnante exposition sur le confort domestique engendré par l’arrivée du gaz au XIXe siècle. 

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L’histoire de la Corderie Vallois est étroitement liée à celle de la vallée du Cailly, où l’industrie cotonnière s’est installée dès le XVIIIe siècle, grâce à la proximité des ports commerciaux – fluviaux et maritimes – et notamment de celui de Rouen. A l’emplacement de la corderie, se trouvait à l’origine un moulin à papier datant du XVIe siècle. En 1821, un bâtiment de quatre étages à pans de bois est édifié le long de la rivière et en 1825 le moulin à papier est converti en moulin à coton. Une roue géante de 7.30m de diamètre et 3.90m de large est alors installée. A la fin du XVIIIe siècle, la vallée du Cailly, qualifiée de « petite vallée de Manchester » emploie une importante main d’œuvre locale et rurale au sein de ses filatures hydrauliques, dans lesquelles les machines anglaises (mécaniques à eau) font leur apparition. Au XIXe siècle, la vallée connait un fort essor économique avec l’expansion de l’industrie cotonnière. Le bâtiment est transformé en corderie mécanique en 1880 par Jules Vallois, cordier à Saint Martin du Vivier. La corderie est alors prospère et dynamique, avant de connaître un déclin dans la première moitié du XXe siècle. Dans les années 1950, les industries de la vallée du Cailly ne peuvent plus faire face à la concurrence des productions étrangères et l’ère du coton s’achève. Les bâtiments qui accueillaient les filatures et les ateliers textiles sont reconvertis. La Corderie Vallois cesse son activité en 1978.

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Jules Vallois a légué non seulement son nom à la corderie, mais aussi une certaine vision du travail, influencée par ses origines paysannes. Il a su créer une ambiance familiale dans son usine. Les revendications furent d’ailleurs rare de son temps. Pourtant, les conditions de travail des ouvrières – le travail, qui demandait une certaine habilité, était confié majoritairement à des femmes – étaient pénibles : elles produisaient dans le bruit des machines, la poussière du coton, le froid en hiver et la chaleur en été, et elles travaillaient cinquante heures par semaine (jusqu’en 1948), étaient payées au rendement et à la quinzaine ! Les cordes câblées et les cordelettes tressées constituaient les spécialités de la maison. Trois types de « corde » furent ainsi produits à la Corderie Vallois – les moulinets, les câblés, les tresses – et servaient à la conception de divers articles.

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Au dernier étage du bâtiment, se trouve, jusqu’au 31 octobre 2015, l’exposition « Confort à tous les étages », qui raconte les révolutions que le gaz a apportées au milieu du XIXe siècle. Cette nouvelle forme d’énergie a bouleversé les modes de vie : les réverbères éclairaient les passants et les ateliers à la nuit tombée ; le confort s’installait dans les logis, le gaz alimentant les appareils de chauffage et de cuisson des aliments. L’exposition, très instructive, retrace donc à l’aide d’objets, d’appareils ménagers et d’affiches publicitaires d’époque, la naissance du confort domestique et nous immerge dans les intérieurs d’autrefois !

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Si vous passez en Seine-Maritime, je ne peux que vous conseiller de vous arrêter ici pour découvrir ce bel ensemble, témoignage du passé industriel normand. Des visites commentées de la Corderie Vallois (comprises dans le droit d’entrée de 4€ !), lors desquelles les machines sont mises en route, sont d’ailleurs proposées tous les jours ! Des ateliers thématiques sont également organisés ponctuellement. Bref, à mon goût – certes quelque peu subjectif ! -, il ne faut pas manquer cette visite enrichissante dans un décor chargé d’histoire !

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Plus d’infos sur le site du musée industriel de la Corderie Vallois

3 commentaires sur “La Corderie Vallois

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