Je ne sais pas si je vous ai déjà dit, mais il m’arrive très souvent de pleurer au cinéma (une vraie madeleine !) Et parfois, ce surplus d’émotion surgit à la toute fin d’un film, à la lecture de son épilogue. Ce phénomène est survenu récemment devant Pride et s’est reproduit ce week-end devant Imitation Game ! J’avais très envie de voir ce film : d’une part, pour la performance de l’acteur qui joue le rôle principal, Benedict Cumberbatch ; et d’autre part pour le morceau d’Histoire, avec un grand H, qu’il raconte.
L’histoire : A l’aube de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement britannique tente de percer le secret de la célèbre machine Enigma, réputée inviolable. Car le cours de la guerre changerait sensiblement si les messages nazis transmis sur cette machine pouvaient être décryptés. Chapeautée par le MI6, une équipe de savants, linguistes, champions d’échecs et agents du renseignement, est alors recrutée. Rapidement, le mathématicien Alan Turing en prend la tête. Et il a une idée : pour déjouer la machine, pourquoi ne pas concevoir une machine…
Le scénario, quelque peu romancé, qui s’appuie sur une biographie d’Alan Turing écrite par Andrew Hodges. nous transporte dans l’Angleterre bombardée du début des années 1940 et pose ainsi les bases émotionnelles du film. Mais Imitation Game nous emmène surtout dans l’esprit et la vie du mathématicien, à travers trois époques marquantes de son existence, dont évidemment celle (tenue secrète pendant 50 ans !) pendant laquelle il travaille d’arrache-pied sur l’énigme Enigma. J’ai pu lire par ci par là que certains trouvaient la mise en scène académique : même si c’est le cas (j’ai été tellement prise par l’ambiance du film que je suis bien incapable d’en juger !), ça fonctionne : on ne voit pas les deux heures du film passer ! L’histoire est rythmée, haletante (même si on en connait l’issue), poignante, mélancolique et teintée d’un peu d’humour ! L’excellente ambiance musicale y est sans doute aussi pour quelque chose.
Les personnages secondaires ont tous une petite place dans l’aventure et sont campés par des acteurs brillants. Keira Knightley s’en sort bien en jeune femme à l’esprit vif. Et Charles Dance, Tywin Lannister dans Game of Thrones, est tout aussi détestable que dans la série ! Mais Imitation Game est vraiment sublimé par l’interprétation de Benedict Cumberbatch, qui est époustouflant ! Il prend à son compte la personnalité complexe de Turing, sa difficulté à communiquer avec les autres, sa solitude et sa souffrance, sa passion pour la cryptographie et son obsession pour la création d’une machine capable de penser. Tout au long du film, on est tout en compassion pour cet homme hors norme. Qui plus est lorsque le film expose la façon dont était traitée l’homosexualité (la sienne en l’occurrence) pendant et après-guerre.
Il n’est donc pas étonnant qu’Imitation Game soit pressenti dans la course aux Oscars ! Pour l’anecdote, son titre est tiré d’un article du même nom qui exposait la méthode d’Alan Turing pour différencier les machines de l’être humain. Lui qui cherchait à recréer une conversation humaine avec des machines avait pour habitude de nommer cela le « jeu de l’imitation ». N’attendez pas pour aller voir ce film (mi-britannique mi américain) et découvrir celui qui, avec ses « Machines de Turing », a inspiré nos ordinateurs !
C’est également un film que j’ai adoré, pour toutes les raisons qui tu énonces ici :)