L’Impressionnisme et la Mode

A peine sortie de l’exposition l’Impressionnisme et la Mode, qui se tient au musée d’Orsay jusqu’au 20 janvier 2013, toute fière de mes photos volées et de mes notes glanées tout au long du parcours, j’avais envie de vous donner envie d’y aller. Car ce n’est pas qu’une jolie exposition où l’on voit de beaux tableaux et de grandes robes. C’est aussi une véritable plongée dans l’art de vivre du XIXe siècle.

Les impressionnistes ont su rendre compte des modes et des attitudes de leur temps, non pas en représentant en détail les costumes et leurs modèles, mais en saisissant l’homme et la femme « modernes » dans leur quotidien : dans leurs balades en ville, leurs sorties mondaines ou leur intimité. Ils sont des témoins précieux de la vie (bourgeoise) de leur époque.

L’exposition nous conduit donc dans différents lieux du XIXe siècle, et nous les raconte au travers de portraits de la société et de costumes ou accessoires  de mode.

La première salle nous montre comment, à partir de 1860, la mode prend son essor dans la société moderne et commence à être largement diffusée. C’est l’époque des journaux spécialisés, des boutiques et grands magasins. La mode et les silhouettes évoluent, passant des robes rondes à crinoline à des robes plus allongées, à queue ou retroussées en drapés.

Nous pénétrons ensuite dans une sorte de salon, qui nous présente les femmes chez elles, dans leur robes de matinée, d’après-midi ou de réception.

Après un passage dans un couloir habillé de velours rouge et de tableaux nous montrant la Parisienne, dont la mode française ne pourrait se passer (selon Emmeline Raymond), nous arrivons dans l’univers du soir, là où on peut voir et être vu. Au bal ou à l’opéra, les femmes sont habillées de robes dénudant leurs épaules et leur décolleté, tandis qu’au théâtre ou lors des dîners mondains, leurs toilettes recouvrent leur bras et leur cou.

Nous poursuivons la visite en pénétrant dans une salle qui dévoile les accessoires intimes des femmes – bas, jarretières, jupons, corsets -, ainsi que les nombreux accessoires dit de « contenance » qui complètent leurs tenues et créent leurs gestes et attitudes : ombrelle, chapeau, gants. On peut voir aussi les tout petits souliers, qui s’assortissent aux étoffes et aux coloris des robes.

La salle suivante, tout en contraste avec le reste de l’exposition, nous fait entrer dans l’univers urbain et austère de l’homme parisien. L’homme moderne revêt seulement deux tenues dans la journée : une le jour, l’autre le soir. Ses costumes sont sombres et confectionnés dans des matières nobles, telles que le velours ou la soie. Le costume masculin est souvent complété d’un haut de forme et d’un paletot, sorte de pardessus  court, très en vogue à l’époque.

La fin de la visite est grandiose. Nous arrivons dans un parc, où l’on entend  des chants d’oiseaux et où l’on peut se reposer sur des bancs. Ici sont présentées les robes élégantes, blanches ou à motifs (pois, rayures), dont les traînes peuvent se retrousser avec des cordons pour faciliter les plaisirs du plein air. Le Déjeuner sur l’herbe de Claude Monet, la Balançoire de Renoir semblent à leur aise dans cet endroit propice à la détente.

La scénographie nous emmène ainsi dans une succession de pièces chaleureuses, avec leurs ambiances – boutique, salon, jardin – et nous fait entrer au cœur du XIXe siècle. Des citations de Zola ou de Baudelaire nous accompagnent. On s’imagine dans les robes à la polonaise ou à l’intérieur des toiles. Et si l’exposition fait la part belle aux impressionnistes, d’autres artistes, qui ne font pas partie du mouvement, sont là pour rendre compte de leur époque. Tel James Tissot, qui a refusé d’exposer avec les impressionnistes en 1874 (mais qui entretenait de bons rapports avec eux), et qui s’est fait connaître comme peintre de la haute société victorienne. Dans ses tableaux, les toilettes sont peintes avec précision, avec un parfait rendu des matières. Ce qui contraste avec l’aspect flou des robes peintes par les impressionnistes ou par Edouard Manet (qui ne se définit pas comme tel).

Dans cette exposition, j’ai été subjuguée par certaines œuvres que je ne connaissais pas (comme cette scène de bal de Jean Béraud), hypnotisée par le raffinement des robes, éberluée par la taille si fine des femmes de l’époque, que l’on remarque tant dans les tableaux que sur les mannequins. Je ne saurais que trop vous inviter à aller contempler ces œuvres de vos propres yeux, et à aller vous fondre dans la société bourgeoise du XIXe siècle.

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