Utagawa Hiroshige : un des derniers maîtres de l’Ukiyo-e, littéralement « images du monde flottant », mouvement artistique japonais de l’époque Edo (1603-1868), comprenant des peintures populaires et narratives mais surtout des estampes très colorées. Hiroshige se spécialise dans les estampes de paysages, à l’instar de son vieux concurrent, Hokusaï.
Van- Gogh : figure majeure de l’impressionnisme, qu’il marque de sa folie et de sa vision tourmentée et qui ne cesse de fasciner les historiens de l’art.
Pinacothèque de Paris : lieu d’exposition pompeux, m’ayant laissé un goût amer lors d’une rétrospective Munch, trop dense et mal scénographiée.
Voilà les ingrédients réunis pour ces expositions croisées Hiroshige-L’art du voyage/Van Gogh-Rêves de Japon, qui se tiennent à la Pinacothèque jusqu’au 17 mars 2013. De prime abord, autant la première m’enthousiasme (elle est pourtant présentée comme la seconde partie!), autant la seconde me laisse sceptique.
Autant vous dire que mes impressions vont se confirmer tout au long de mon parcours. Je pénètre donc en premier dans la Pinacothèque 1, en sachant au fond de moi que je commence par le meilleur. L’art du voyage d’Hiroshige, c’est la façon dont il a représenté le Japon de l’époque Edo, mais aussi le voyage intérieur auquel invitent ses estampes. Au gré des images de ce Japon ancestral, le spectateur est invité à s’imprégner de ces paysages pour faire un voyage plus introspectif, un voyage de méditation.
Hiroshige nous emmène ainsi sur deux routes mythiques, reliant Edo (le Tokyo d’avant 1868) à Kyoto. Le Tokaido, la route du Sud qui longe le littoral était empruntée le plus souvent à pied ou à cheval. Les voyageurs pouvaient se reposer et se restaurer dans l’un des cinquante trois villages-étapes que comptait le tracé. Les relais étaient souvent situés près de sites pittoresques, et les voyageurs pouvaient s’y racheter des sandales en paille, qui s’usaient en quelques jours de marche seulement.
Le Kisokaido, la route du Nord, celle de l’intérieur des terres, beaucoup plus longue, comportait elle soixante neuf étapes. Par ses estampes, Hiroshige, qui ne s’est sans doute jamais rendu dans tous ces villages, nous fait pénétrer dans un Japon rêvé.
La série d’estampes, Les Cent vues d’Edo (cent dix neuf en réalité) illustrent quant à elle la dernière phase de l’art d’Hiroshige, où les paysages adoptent un format vertical (rarement utilisé) et où ceux-ci sont plus que jamais emprunts de poésie.
Cette partie sur l’œuvre d’Hiroshige, dont la présentation et la mise en espace étaient justes, sans emphase, m’a enchantée. Voyons ce que donne la seconde (mais première!) partie : Van Gogh. Rêves de Japon.
Je pénètre dans la Pinacothèque 2, sans grand entrain. Et pour cause. Pour moi cette manifestation est un prétexte pour faire une exposition qui rapporte et pour faire genre : attention, oh là là, les historiens de l’art ont fait de nouvelles découvertes ! Et on ne nous laisse pas le choix d’adhérer ou non à leurs recherches. Tout est fait pour nous convaincre. D’ailleurs l’exposition Hiroshige est présentée comme seconde partie pour « rendre tangibles les confrontations entre les deux artistes ». Tangibles, hum.
L’exposition est donc submergée de multiples, denses et redondants panneaux explicatifs, alors qu’elle ne montre que peu de tableaux de l’artiste. Et à chaque tableau est adjoint un panneau japonisant montrant : une estampe précise d’Hiroshige, un détail de cette estampe et un détail du tableau de Van Gogh, le tout pour montrer le lien entre les deux œuvres. Et plus d’une fois, j’ai pensé : non mais sans blague ! Que Van Gogh se soit senti tel qu’au Japon dans le midi de la France (ce qu’il dit dans ses lettres à maintes reprises), qu’il ait été inspiré par les estampes japonaises et par Hiroshige en particulier, c’est un fait. Mais de là à faire des parallèles aussi poussés entre des œuvres parfois proches mais parfois si différentes, là je dis non ! Et je quitte cette exposition en fulminant après y avoir passé seulement 40 mn contre 1h10 pour la première.
Ceci est un avis bien personnel, mais je pense sincèrement que les deux artistes se suffisent à eux-mêmes. L’un mérite d’être (re)découvert, l’autre mérite d’être toujours admiré. Pas besoin d’en rajouter des tonnes. A part bien sûr pour faire des tonnes de bla-bla et de bénéfices… Mais bon, quand même, ces expositions croisées m’auront permis de voir ensemble toutes ces estampes qui racontent ce Japon d’un autre temps, un Japon presque imaginaire. Et de me donner envie de retourner au musée d’Orsay pour admirer les œuvres de cet artiste passionnant qu’est Van Gogh.
24 dec, j’en reviens juste, mais je suis novice en tout et je démarre la peinture. J’ai pleuré devant les V.Gogh que je voyais pour la première fois.
J’ai aimé aussi la collection de la Pinacothèque, en bas.
J’ai aimé les « verticaux » en fin de parcours d’Hiroshige.
J’ai accordé peu d’attention aux assemblages « vaseux » entre les deux maitres.
Par contre au niveau des tarifs, les billets sont chers et calculés pour faire le plus d’argent possible – genre menu avec entrée ou sans (Hiroshige sans V.G ?) – avec ou sans dessert (billet couplé + collection ou sans). Pourquoi ne pas offrir l’accès à la collection, ils y gagneraient, alors que là il n’y avait personne, c’est dommage, et tout se paye en sus.
Bonne année !!