Gerhard Richter. Panorama(s)

Une fois n’est pas coutume, c’est un ami (qui a du goût) qui m’a donné envie d’aller voir cette exposition, qui ne m’attirait pas vraiment sur le papier. Car avouons-le, je connais peu l’art contemporain. Mais je me soigne, justement avec les expositions du Centre Pompidou. Toujours agréablement mises en scène, dans un espace aéré et sobre. Espace d’où l’on peut admirer différents panoramas de Paris, qui m’absorbent parfois plus que les œuvres présentées! Panorama, tiens c’est justement le titre de l’exposition rétrospective sur Gerhard Richter.

J’ai eu un peu de mal à entrer dans l’univers assez varié de ce monsieur Richter. Il faut dire que celui-ci a évolué depuis 1960, de décennies en décennies. L’exposition s’organise de manière chronologique et thématique, justement pour montrer ces évolutions et la tension permanente entre peintures figuratives et œuvres abstraites. J’ai évidemment été plus sensible aux premières.

Au début des années 1960, Richter peint à partir de photographies projetées sur la toile. Il les recopie fidèlement, puis prend soin de les « frotter » pour leur donner un effet final de flou. Il utilise également ce procédé dans les années 1980 pour reproduire des œuvres classiques de l’histoire de l’art. Et il reprend à son compte les genres du portrait ou du paysage. Il les revisite, faisant hommage aux maîtres anciens, en se servant de ses propres photographies. Ses portraits sont intimes, chaleureux. Les paysages sont brumeux, mélancoliques. Le flou rend ces peintures intemporelles. Elles hypnotisent.

Dans les années 1970, il se porte vers l’abstraction, vers l’exploration des couleurs et des matières sur des toiles souvent monumentales. Sur les unes, de grands gestes mélangent les couleurs. Sur les autres, il étale plusieurs couches de peinture, qu’il  « gratte » par la suite pour donner un rendu inédit aux toiles. Il expérimente aussi différentes matières picturales dans une déclinaison de tableaux gris. Le gris qui pour lui est une couleur à part entière, celle de la neutralité expressive.

Les sculptures de l’artiste tiennent une jolie place dans l’exposition. Miroirs et jeux de surfaces vitrées côtoient les peintures dans l’espace et ajoutent une dimension à l’ensemble. C’est ce que j’ai ressenti en me tenant devant cette sculpture de plaques de verre juxtaposées. J’avais l’impression que mon reflet à l’intérieur de la sculpture appartenait à une autre dimension. Je me voyais immobile à l’intérieur de l’œuvre pendant que les visiteurs continuaient à évoluer dans les lieux. Étrange sensation (très mal rendue par la photographie!) déroutante même. Je retournerais bien voir l’exposition rien que pour revivre ce truc!

A maintenant 80 ans, Gerhard Richter, qui a été marqué par le passé nazi de certains membres de sa famille (dont il a fait les portraits tardivement), continue à peindre. Il se questionne aujourd’hui sur la place de la peinture face à l’image numérique. Il dit à ce sujet : « Ma profession, c’est la peinture (…) J’ai maintenant atteint un certain âge et je viens d’une tradition différente. De toute façon, je ne sais rien faire d’autre. Je reste cependant persuadé que la peinture fait partie des aptitudes humaines les plus fondamentales, comme la danse ou le chant, qui ont un sens, qui demeurent en nous, comme quelque chose d’humain. »

Il ne vous reste plus que 10 jours pour découvrir le travail de cet artiste. Mon petit conseil : allez-y vers 19h-20h, il n’y aura pas beaucoup de monde. Vous pourrez profiter des œuvres en toute quiétude. Et vous aurez le droit en prime, depuis les baies vitrées, à une belle lumière rasant les toits de Paris…

(Ah et aussi, chose étrange, on a le droit de prendre des photographies dans l’expo! Voilà pourquoi je vous les livre ici!)

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