Monumenta : Excentrique[s]

A cause de la file d’attente gigantesque devant l’entrée de la grande Nef du Grand Palais, Monumenta a été mon rendez-vous manqué de la Nuit des musées. En ce lundi pluvieux, j’ai pu me rattraper et enfin découvrir l’exposition « Excentrique[s] Travail in situ » de Daniel Buren. Sans piétiner une heure avant de pénétrer, pour la première fois pour moi, dans ce lieu grandiose.

De prime abord, Monumenta a de monumental le lieu qui l’abrite. La grande Nef parait gigantesque. On a le vertige rien qu’en regardant en l’air pour admirer la verrière. Et la structure impressionnante nous emmène au début du XXe siècle, à l’époque du gigantisme des expositions universelles. Tous les ans depuis 2007 maintenant, la grande Nef sert de décor, de cocon même, à une œuvre magistrale, inédite et éphémère. Et chaque année, un artiste a carte blanche pour réaliser une œuvre d’art spécialement conçue pour le lieu. L’année dernière j’avais raté le « Leviathan » d’Anish Kapoor. Il n’était pas question pour moi de rater cette fois l’installation proposée par Daniel Buren.

Artiste admiré ou controversé, Daniel Buren a créé des œuvres qu’on aime ou qu’on déteste. Il a suscité la polémique en 1986 avec « les Deux Plateaux », que l’on appelle communément « Colonnes Buren », installés dans la Cour d’honneur du Palais-Royal à Paris. La polémique est d’ailleurs toujours d’actualité, car après des années de non-entretien, la somme astronomique que coûte aujourd’hui la restauration de l’installation est montrée du doigt. Pour ma part, j’ai définitivement aimé le travail de Daniel Buren, il y a plus de dix ans, lorsque j’ai découvert les sculptures du musée des Beaux-Arts de Rouen littéralement mises en boites : des boites aux rayures blanches et noires les enveloppant, avec des miroirs faisant offices de couvercles, à moitié ouverts. Les sculptures du XIXe siècle étaient visibles par le dessus, en plongée, grâce au rendu des miroirs. Cet autre regard posé sur elles les sublimait.

Je suis donc entrée dans la Nef du Grand Palais, par une grande porte carrée rayée blanche et noire, avec l’idée que cette exposition allait me plaire et me faire du bien aux yeux. Buren dit du lieu qui l’accueille : « c’est un endroit extraordinaire pour sculpter l’air et lui donner une forme, capter la lumière et lui donner une couleur ». On pénètre dans ce que l’artiste a conçu comme une forêt, formée de troncs noir et blanc et coiffée de disques colorés.

Ces disques verts, bleus, oranges et jaunes s’assemblent pour créer des jeux de lumière qui évoluent au fur et à mesure des heures de la journée et des conditions météo. Les visiteurs se colorent au fil de leur promenade dans l’espace. Il se reflètent sur les disques et, en levant les yeux, ils peuvent aussi percevoir différemment la verrière au travers des différentes couleurs.

Un autre point de vue de l’exposition permet de voir d’en haut l’installation. Et ce qu’on perçoit, ce sont des pastilles de toutes les couleurs, qui ont pris possession de l’espace.

Enfin, au centre de la Nef sont disposés de grands miroirs ronds sur lesquels on peut marcher, s’assoir, s’allonger. On a l’impression d’être debout, assis ou allongé sur la grande verrière. Et on éprouve une sensation de vertige en regardant en bas!

« Excentrique[s] » propose une certaine perception de la démesure. Presqu’à l’échelle des visiteurs. C’est un peu comme s’ils faisaient partie de l’œuvre, qu’ils l’animaient. L’exposition est aussi ponctuée d’une bande sonore que j’ai trouvé peu présente et finalement pas primordiale. Ce qui l’est, c’est qu’on se sent bien. On se promène le sourire aux lèvres dans cet immense décor et alors, on zigzague au travers des colonnes noires et blanches, on est habillé de mille couleurs, on marche sur la verrière… On est un peu ailleurs.


Monumenta 2012 : Excentrique[s] Travail in Situ (vidéos, montage et musique par CaliKen)

Cette exposition est une expérience sensorielle. Nos sens et nos émotions sont en ébullition. On est happé par le lieu et l’installation. Et on a du mal à les quitter…

Alors vite, vous n’avez que jusqu’au 21 juin pour vivre cette expérience monumentale!

Plus d’infos

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.