Sur les pas des Illustres à Auvers-sur-Oise

Malgré la présence d’arbres en fleurs, le printemps n’avait pas décidé d’être de la partie lors du voyage presse auquel j’ai participé fin mars en compagnie de Laura (Les Carnets de Lauralou). C’est donc dans le froid, mais dans la bonne humeur, que nous avons découvert la nouvelle saison culturelle et touristique d’Auvers-sur-Oise. Cette petite ville du Val d’Oise, entourée de champs, cernée par l’Oise, avec ses belles maisons de pierres fleuries aux beaux jours, a été la source d’inspiration de grands artistes. Auvers-sur-Oise est ainsi riche d’un patrimoine et d’une atmosphère uniques. Sous influence impressionniste, la saison culturelle « Sur les pas des Illustres » nous emmène à la rencontre de ces artistes, dans les nombreux musées et lieux culturels que comptent la ville. Laissez-moi vous conter cette journée passée à arpenter à pieds ces jolies ruelles, dans l’ombre des peintres.

Auberge Ravoux – Maison de Van Gogh

Nous avons commencé notre parcours par la dernière demeure de Van Gogh, l’Auberge Ravoux, qui a conservé dans sa salle à manger l’ambiance chaleureuse du café d’artiste. Pour entrevoir la chambre où Van Gogh a vécu les soixante-dix derniers jours de sa vie, il faut grimper sous les combles. Conservée dans son état originel – et classée Monument historique – la chambre N°5 dégage quelque chose d’intime qui invite presque au recueillement. A côté, la chambre N°6, celle d’Anton Hirschig, évoque, avec son mobilier simple, les conditions de vie d’un artiste du XIXe siècle. Un document audiovisuel conclut la visite en présentant le séjour de Van Gogh à Auvers-sur-Oise.

Musée Daubigny

Nous avons fait quelques pas pour rejoindre le Musée d’Aubigny, installé dans un manoir du XVIIe siècle et dédié à la compréhension des mouvements pré-impressionnistes. Au rez-de-chaussée est exposée une collection d’œuvres du XIXe siècle et notamment celle d’un des pères fondateurs de l’impressionnisme, Charles-François Daubigny. A l’étage, l’exposition « Impressions marines », qui se tient jusqu’au 26 août 2018, présente quatre-vingt œuvres de Daubigny et de peintres qui ont travaillé à ses côtés (Boudin, Courbet, Corot…) : des paysages de mer, des paysages de Normandie et d’autres nouveaux motifs, qui ont été les berceaux d’une nouvelle peinture.

Maison-atelier de Daubigny

Nous avons rejoint la Maison-atelier du même Daubigny, où ce dernier avait pour coutume d’inviter ses amis artistes. Les décors de la maison ont ainsi été peints par Daubigny père et ses enfants mais aussi par Corot, Daumier et l’architecte Oudinot, qui a également conçu la maison en 1861 et son atelier de 7m50 de hauteur. La propriété est toujours le lieu de vie des descendants de Daubigny. Elle a été classée Monument historique et labellisée Maisons des Illustres. Ce label vise à signaler au public des demeures remarquables par leur histoire et ceux qui les ont habitées. Leur vocation est de conserver des collections en rapport avec ces personnalités.

Musée de l’Absinthe

Nous nous sommes ensuite rendus dans le musée voisin, le Musée de l’Absinthe, créé par une collectionneuse passionnée. Sa collection et son intérêt pour cette boisson emblématique du XIXe siècle a débuté dans une brocante, avec l’achat d’une cuiller à trous (utilisée pour doser le sucre). Ce petit musée, très chaleureux, évoque la vie de café du XIXe et l’importance de l’absinthe à l’époque, dans la vie sociale et culturelle. Des affiches et objets de la table indispensables à sa consommation en témoignent. Si vous venez visiter le musée, vous aurez même droit à une petite dégustation !

Château d’Auvers-sur-Oise

Puis nous avons cheminé cinq minutes pour découvrir le Château d’Auvers-sur-Oise et son nouveau parcours immersif. Le Conseil départemental du Val d’Oise, actuel propriétaire des lieux, a fait le choix d’un projet culturel innovant où le visiteur est plongé au cœur de l’impressionnisme. Le parcours intitulé « Vision impressionniste, Naissance et Descendance » propose une expérience multimédia (avec des audio-guides) dans différentes salles audiovisuelles, ponctuée par une visite plus classique dans des salles intimistes, où sont présentés des tableaux issus de la collection départementale. L’histoire du mouvement et celle de ceux qu’il a engendrés sont ainsi racontées tout au long de cette balade impressionniste, entre virtuel et réel.

Nous nous sommes aussi arrêtés pour déjeuner au restaurant Le Nymphée, dirigé par le chef Cédric Barbet. Un décor élégant habille les deux salles de restauration, l’Orangerie et l’Atelier. Et dans l’assiette, c’est une cuisine du terroir moderne et raffinée avec des produits locaux et saisonniers qui est proposée (menus midi de 19,90€ à 26.90€).

Maison-atelier Boggio

Nous avons marché un peu plus longuement après le déjeuner pour gagner la Maison-atelier Boggio – labellisée elle aussi Maisons des Illustres –, dans laquelle le peintre symboliste Emile Boggio s’est installé en 1910. Au sein de cet un ancien corps de ferme transformé en atelier, il a peint près de 400 tableaux : sa dernière toile est d’ailleurs toujours sur son chevalet. L’arrière petit neveu du peintre, l’artiste Xavier Boggio veille sur le lieu et y expose également ses « gens » peints sur de la résine. Dans son travail, il tente d’abolir la frontière entre sculpture et peinture. Si le jardin de la propriété a gardé son caractère d’antan, quelques touches contemporaines sont présentes avec les culbutos en résine de Xavier Boggio.

Maison du Dr Gachet

Nous nous sommes dirigés enfin vers la Maison du Dr Gachet, labellisée également Maisons des Illustres. Le Dr Gachet, médecin et membre de sociétés savantes s’est installé dans cette maison d’Auvers en 1872, où il conjugua médecine et art, en exerçant ses talents de dessinateur et de graveur. Et ce en compagnie de Pissaro, Cézanne et Guillaumin. Le Dr Gachet est connu pour avoir été le médecin de Vincent Van Gogh au cours des derniers mois de vie de ce dernier. Van Gogh disait d’ailleurs avoir trouvé en lui un ami qui le comprenait. En lien avec l’histoire du lieu, l’exposition « Melancholia, art et psychiatrie au XIXe siècle », qui se tient jusqu’au 24 juin 2018, présente les différentes représentations et traitements (modernes pour certains) contre la mélancolie, la « maladie du siècle ». Le Dr Gachet s’intéressait en effet à la psychiatrie et aux artistes atteints de troubles de l’âme.

Galerie municipale d’art contemporain

Pour notre dernière étape, nous avons pris le bus direction la Galerie municipale d’art contemporain. C’est le collectif d’artistes plasticiens GRAP’s qui décide aujourd’hui de la programmation du lieu, avec pour but la valorisation de l’art contemporain. L’exposition actuelle, « Chaosmiques », qui se tient jusqu’au 26 avril 2018, montre comment les artistes contemporains affrontent le chaos esthétique, physique, social et numérique à travers différents médiums : la peinture, la photographie, l’impression et l’art numérique.

Si vous avez été au bout de cet article, vous avez pu constater à quel point cette journée de découvertes à Auvers-sur-Oise a été riche. Et encore, nous n’avons pas été voir d’autres lieux emblématiques de la ville : l’église d’Auvers immortalisée par Van Gogh, le cimetière où sont enterrés Vincent et son frère Théo,  le bateau-atelier de Daubigny « le Botin » (d’où il croquait les paysages fluviaux), qui a été reconstruit et qui sera mis à l’eau en mai ou juin prochain, le belvédère en surplomb de la rivière prévu pour avril afin de profiter des bords de l’Oise, sans oublier les charmantes ruelles de la ville (on adore s’y promener en famille l’été !) Il est à noter aussi que  l’Opus 38 du festival de musique classique d’Auvers-sur-Oise aura lieu du 1er juin au 4 juillet 2018 dans l’église. Quant aux expositions, elles se renouvellent après l’été.

Cette petite ville de 7500 habitants présente donc un dynamisme culturel et touristique fort. Elle bénéficie pour cela du soutien du Conseil départemental et de la Communauté urbaine – dont dépend l’Office de tourisme – . Heureusement, car elle accueille 200 000 visiteurs par an, dont 60% d’étrangers. Et on comprend bien pourquoi !

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