Cet article dort dans les brouillons du blog depuis plus de 6 mois… J’attendais fébrilement l’annonce de la réouverture des lieux culturels pour enfin présenter cette exposition que j’ai découverte en octobre 2020 dans l’un de mes musées parisiens préférés : la Cité de l’architecture & du patrimoine. L’exposition « Paris 1910-1937. Promenades dans les collections Albert-Kahn » rouvre donc ses portes le 19 mai prochain et ce, jusqu’au 5 juillet 2021. Produite en partenariat avec le musée départemental Albert-Kahn, elle propose une déambulation poétique dans Paris, de la Belle époque à la fin des années 1930. Avec une scénographie intimiste, elle plonge le visiteur dans un Paris désuet, un Paname perdu, une capitale intemporelle, mais aussi une ville en constante mutation. Le fonds « Paris » des Archives de la Planète, initié par Albert Kahn et réunissant près de 5000 autochromes et 90000 mètres de films (soit le plus important fonds d’images photographiques et cinématographiques du début du XXème siècle consacré à la capitale) est à l’origine de cette exposition exceptionnelle et très bien documentée.
Banquier, mécène et humaniste, Albert Kahn (1860-1940) a consacré sa vie et sa fortune à œuvrer en faveur de la paix entre les peuples. A partir de 1909, il entame son projet documentaire et visuel, les Archives de la Planète, afin de montrer aux élites internationales la richesse de la diversité culturelle. L’autochrome – premier procédé industriel de photographie en couleurs – et le cinématographe sont choisis pour constituer ce fonds. Une douzaine d’opérateurs partent alors sillonner le monde pour « établir un dossier de l’humanité prise en pleine vie », à « l’heure critique » de changements profonds et inéluctables, dixit le géographe Jean Bruhnes, directeur scientifique du projet. L’exposition dresse donc, en couleurs, un portrait de la capitale et de sa valeur patrimoniale.
On découvre tout d’abord les monuments de la capitale et les perspectives dénuées de population à cause des poses longues. On contemple la symétrie des rues et la frontalité des façades. La trame urbaine, le tissu social et les événements qui ont marqué la capitale sont également bien présents. A l’image de ces monuments protégés par des sacs de sable pendant la Première Guerre mondiale. Ou encore, à l’image des cinq expositions universelles et de l’exposition des Arts décoratifs de 1925, qui mettent Paris sur le devant de la scène mondiale.
Dans ces archives, La Seine apparaît comme un symbole, un objet de contemplation. Paris est ainsi, pour Jean Brunhes, la capitale par excellence. Le Paris médiéval et le Vieux Paris sont photographiés pour saisir cette vision nostalgique d’un passé perdu, mais aussi pour témoigner de l’insalubrité et de la pression de la modernisation.
On observe enfin les mutations et les progrès de la capitale. Logement, hygiène, salubrité : tout change. Restent encore quelques îlots insalubres en 1920 et quelques maisons closes. L’évolution des modes de locomotion favorise la métamorphose de la ville. Paris se pare de nouvelles infrastructures et entame des travaux. L’enceinte de Paris est immortalisée avant que les Habitations à Bon Marché (HBM) ne s’y installent, après le démantèlement de la fortification.
La frénésie qui a animé Paris durant ces années se retrouve dans les films, présentés également dans l’exposition. Ces derniers contrastent d’ailleurs avec les autochromes et leur calme inhérent. Pour information, le billet d’entrée à l’exposition ouvre droit au tarif réduit pour l’entrée du Musée/jardin départemental Albert-Kahn (dont je vous parlais déjà ici) et réciproquement. Alors, que dites-vous d’aller plonger dans ce Paris d’antan ? Je vous ai déjà dit que j’aimais la Cité de l’archi sinon ?
Plus d’infos sur le site de la Cité de l’architecture & du patrimoine
(La réservation est conseillée)