Le Cendrillon de Joël Pommerat

J’avais entendu parler de ce metteur en scène, Joël Pommerat. Sans pour autant courir voir une de ses pièces. Et quand un ami m’a proposé en décembre d’aller voir au théâtre de l’Odéon le conte de Cendrillon revisité par lui, j’y suis allée sans me poser de questions.

Et là, comment dire…

Comment exprimer toutes les choses ressenties, les interrogations, dégagées par l’histoire, les personnages, la mise en scène et la scénographie?

Sandra est une toute jeune fille qui, sur le lit de mort de sa mère, lui promet de ne jamais l’oublier, pour qu’elle vive encore. Alors, la toute jeune fille règle une alarme sur sa montre pour penser à elle toutes les 5 minutes. Ce qui a le don d’agacer prodigieusement la nouvelle femme de son père, qui beugle à longueur de journée. Le père de de la toute jeune fille se réfugie dans la clope pour encaisser les humeurs de sa nouvelle femme. Les filles de la nouvelle femme de la toute jeune fille, pestes accrochées à leur smartphone, « taillent » joyeusement celle qu’elles appellent désormais Cendrier. Car la toute jeune fille, pour se punir de ne pas penser suffisamment à sa mère, s’accapare les tâches ménagères les plus ingrates. Un bal en l’honneur du jeune prince se prépare. La maison de la toute jeune fille est en ébullition. Alors la fée apparaît au chevet (ou plutôt dans l’armoire!) de la toute jeune fille. Une fée un peu spéciale, qui s’essaie à la prestidigitation, parce qu’elle trouve qu’utiliser ses pouvoirs, c’est d’un classique…

Ainsi commence l’intrigue. Le conte est ébranlé, réinterprété, réinventé. L’histoire est une histoire d’aujourd’hui, des histoires d’aujourd’hui : celle d’une famille recomposée, celle d’une envie caricaturale d’ascension sociale, celle de la perte d’un être cher et du moyen de surmonter celle-ci, celle de la rencontre entre deux enfants (la toute jeune fille et le jeune prince) qui ont cette perte en commun… Ces histoires s’imbriquent dans l’histoire originelle et la distancent. Le conte recomposé par Pommerat est plus profond et aussi plus fantasque!

Les personnages sont tous dans le « move », encrés dans notre époque. Ils ont des caractères appuyés : la toute jeune fille est rebelle, la belle mère hystérique, le père résigné, la fée déjantée… Ils sont tour à tour drôles, émouvants, percutants. Saluons le talent des acteurs qui donnent vie à ces personnages.

La mise en scène et la scénographie nous plonge dans le conte. La maison de verre où habitent les protagonistes nous englobe. Lors du bal, nous faisons partie de la fête. Les jeux sonores et les effets de lumière créent les espaces scéniques. L’ambiance est envoûtante.

Joël Pommerat a pris le conte à son compte. Je ne vous raconterai pas la fin de l’histoire, mais les pieds de nez au conte originel sont là et donnent lieu à d’amusantes surprises (je vous laisse deviner comment l’épisode de la pantoufle est remis en perspective!). Ce spectacle m’a charmée. J’en suis ressortie avec des étoiles dans les yeux, un grand sourire aux lèvres et une belle histoire dans le coeur.

La pièce n’est plus jouée actuellement, mais si elle repasse, j’y accourrai. Et j’accourrai à toutes les pièces de ce metteur en scène et réinventeur de génie!

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4 commentaires sur “Le Cendrillon de Joël Pommerat

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