Il y a un petit moment déjà, je vous faisais ici une petite introduction à l’art d’Edward Hopper avant la grande rétrospective du Grand Palais. Ça faisait bien deux ans que je l’attendais avec impatience ! J’ai dû patienter encore un peu avant de voir toutes ces œuvres en vrai car, à mon grand étonnement, l’exposition a eu un tel succès qu’elle a a engendré des heures de queue pour les pauvres fous qui n’étaient pas munis des précieux coupe-files, billets qui se sont fait rares assez rapidement ! A moins d’un mois de la fin de l’exposition, je peux enfin vous en parler.
Sachez tout d’abord, qu’il y a toujours plusieurs choses qui clochent dans les expositions organisées au Grand Palais ! Ici, tout d’abord, les premières salles sont beaucoup trop étriquées, vu le nombre de visiteurs, et ne permettent pas de voir correctement les tableaux, qui plus est quand les visiteurs munis d’audioguides restent bloqués devant ceux qui leur sont expliqués ! Ensuite, les éclairages ne sont pas fameux, pour changer. Et puis, l’entracte présentant l’œuvre d’un artiste contemporain n’a pas grand chose à faire là. Mais le clou du spectacle, ce sont quand même les cartels incomplets. Depuis quand ne met-on pas la technique employée pour définir l’œuvre présentée ? J’aurais bien aimé moi savoir que le peintre avait utilisé tantôt de l’aquarelle, tantôt de l’huile sur toile, plutôt que de le deviner ! Hum.
Heureusement, le parcours de l’exposition et la présentation des toiles sont plutôt bien pensés. Et les œuvres elles-mêmes font le reste.
L’exposition commence par la formation d’Edward Hopper en Europe, notamment à Paris, où il s’inspire de ses contemporains, réalistes et impressionnistes. S’il se définit comme un peintre moderne, il n’appartient à aucun mouvement pictural. Il réalise là ses premiers portraits à l’aquarelle et vues architecturales (intérieurs, escaliers).
Edward Hopper sera illustrateur pendant 20 ans pour des agences de pub et des journaux, car au début de sa carrière, il ne peut vivre de sa peinture. Il réalise en parallèle des gravures, qui l’aident à la réalisation de ses peintures, mais aussi des aquarelles qui feront son succès dans les années 20.
A partir de sa reconnaissance publique, Edward Hopper, qui vit entre New York et la campagne, laisse libre court à son art.
Parmi ses thèmes de prédilection se trouvent : les ponts, les chemins de fer, les motels, les pompes à essence, les routes, les villas. Les photographies de rues désertes d’Atget et celles de maisons vides de Brady l’inspirent. Hopper interroge le réel. Et il nous fait entrer dans ces paysages esseulés.
La solitude, sentiment que l’on trouve dans ses autres thèmes phares : les chambres, les bureaux, les intérieurs de bar, les devantures. Les personnages qui habitent ses scènes nous apparaissent figés, immobiles, et semblent vivre comme des automates, seuls au plus profond de leur âme. Dans ces intérieurs, les fenêtres, les baies vitrées, sont omniprésentes. Pour capter la lumière ? Pour nous donner à voir la vie des personnages au travers d’un écran ? Pour leur donner une échappatoire ?
Dans ses toiles, Hopper entretient un rapport ténu entre l’extérieur et l’intérieur. Il y a toujours un bout de l’un dans l’autre. Et vice-versa. Jamais complètement dehors, jamais complètement dedans. Les cadrages employés renforcent souvent cette tension.
Au fil de l’exposition, dans les dernières salles surtout, plus grandes, plus aérées, j’ai pu m’attarder pour m’imprégner des œuvres, de leur luminosité, qui n’est pas toujours bien rendue par les reproductions. Cette lumière américaine, ce travail sur l’éclairage donnent de la profondeur et de l’éclat aux personnages et architectures. Et puis j’ai pu contempler Nighthawks, voir de près le côté lisse de la toile, tous les détails comme ce verre d’eau vide sur le bar, le traitement de la baie vitrée du fond qui laisse entrevoir l’autre côté de la rue, etc.
Edward Hopper a peint moins d’une centaine de tableaux tout au long de sa vie. Elles appartiennent au XXe siècle, mais paraissent pourtant intemporelles. Le peintre, qui a souvent pris pour modèle sa femme, Jo Nivison, se représente avec elle dans sa dernière toile, Two Comedians. Les deux personnages saluent la foule, Hopper nous dit au revoir au côté de celle qui l’a accompagnée depuis 1924.
C’est ainsi que s’achève l’exposition. Si j’ai été passablement énervée au début à cause des nombreux visiteurs, je me suis vite apaisée à mesure que j’admirais les toiles. Comme je l’avais prévu, elles m’ont littéralement hypnotisées. J’avais du mal à me décoller de certaines ! Je vous conseille donc de braver la foule pour aller les voir de vos propres yeux. Le Grand Palais prolonge d’ailleurs l’exposition jusqu’au 3 février et propose des nocturnes du samedi 26 au jeudi 31 janvier, de 9h à 23h, puis jour et nuit du vendredi 1er février 9h au dimanche 3 février 23h.
Je n’ai malheureusement pas la chance de pouvoir aller à cette expo, mais que j’aurais aimé ! J’aime beaucoup le trait de crayon (pinceau) de cet artiste, je trouve qu’il a énormément de talent.
Ce que j’aime, c’est qu’il peint vraiment des choses simples, de son entourage, juste parce que des fois, l’habitude nous fait oublier la beauté des choses, objets ou personnes qui nous entourent.
Oui, vraiment, je suis certaine que j’aurais eu autant de mal que toi à me décoller de certaines toiles ! :)