1925, quand l’Art Déco séduit le monde

En tant que fervente admiratrice de l’Art nouveau, j’ai été plutôt gâtée cette année, entre l’exposition qui a eu lieu à la Pinacothèque, ma visite au musée Maxim’s ou encore mon voyage à Prague. Mais comme je suis tout autant adoratrice de l’Art déco et des Années folles, je ne pouvais que me réjouir à l’idée de visiter l’exposition 1925, quand l’Art Déco séduit le monde, qui se tient jusqu’au 3 mars 2014 à la Cité de l’architecture et du patrimoine ! Double réjouissance qui plus est, puisque j’y suis allée deux fois : la première, dans le cadre d’un SMV (que je vous présentais ici), avec pour guide le co-commissaire de l’exposition, Emmanuel Bréon ; la deuxième, toute seule, comme une grande ! J’ai été totalement séduite par la scénographie des lieux et emballée par les tous les objets et images d’archives présentés. J’ai tantôt écouté attentivement les explications passionnantes de notre guide, tantôt pris mon temps pour comprendre et contempler chaque œuvre. Cette exposition a eu un effet euphorisant sur moi et je suis ressortie de chaque visite revigorée ! A moi de vous guider maintenant !

En guise d’introduction, une Bugatti, synonyme de modernité et de vitesse, nous attend devant un tableau de Jean Dupas, le décorateur du Normandie. Et avant de pénétrer dans l’exposition, un petit rappel est fait pour que le visiteur distingue bien l’Art nouveau de l’Art déco : l’Art nouveau est un style mouvementé, fait de courbes et d’arabesques, tandis que l’Art déco qui lui succède est plus géométrique, avec des lignes droites et symétriques.

L’exposition s’articule ensuite en trois grandes parties, qui présentent différents pans de l’Art déco et de son ascension dans la société de l’entre-deux-guerres. Paris est alors un carrefour incontournable pour la création et un lieu de formation indispensable pour les artisans de l’Art déco.

Les premières pièces nous montrent les caractéristiques de l’Art déco dans l’architecture au sein d’une époque en pleine évolution. Les architectes ne travaillent alors plus en solitaires, mais allient leur savoir faire à ceux des métiers d’art pour créer ensemble une œuvre architecturale. Ils recherchent l’élégance dans la simplicité des formes et reprennent parfois des motifs antiques en les géométrisant.

Les meubles sont classiques ou modernistes, mais toujours purs et raffinés, notamment grâce aux matériaux nobles qui sont employés (bois d’acajou, d’ébène, de palissandre…).

L’époque est celle de la femme moderne : celle qui travaille, fume, boit, conduit. Celle aussi qui se libère de ses carcans. Ses vêtements s’allègent. Les lignes dessinées par les grands couturiers lui confèrent une nouvelle silhouette. Tamara de Lempicka devient l’icône de la femme moderne. Les architectes se mettent à travailler avec et pour les couturiers.

Le monde change à toute vitesse avec l’émergence de l’aviation et de l’automobile. Il est désormais possible de se rendre rapidement d’une capitale à une autre. De nouvelles problématiques, favorables aux architectes, voient le jour telles que la création d’aérogares, de garages ou de pompes à essence. Les voitures sont fuselées et font l’objet de concours d’élégance.

Le cinéma est en plein essor. De grandes salles Art déco sont inaugurées et, avec leurs décors lumineux, la nuit prend une toute autre dimension. L’Afrique et ses motifs « nègres » influencent aussi les réalisations de l’époque.

La deuxième grande salle nous plonge dans l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925 à Paris, dont le but est de promouvoir, de produire et de diffuser l’Art déco auprès des marchés du monde entier. Les grands magasins confient la réalisation de leurs pavillons à des architectes renommés. Une rue et une galerie de boutiques ouvrent pour l’occasion sur le pont Alexandre III et sur l’esplanade des Invalides. Les grandes manufactures de l’Etat sont également représentées. L’Hôtel du collectionneur vante l’élégance et la délicatesse de l’Art déco. L’art du jardin se renouvelle : au jardin romantique anglais, on préfère désormais le jardin à la française plus géométrique.

Le troisième espace nous présente l’Art déco en France et sa propagation dans le monde. Les reconstructions post Première Guerre Mondiale permettent aux architectes de développer un style Art déco qui se veut à la fois régionaliste et géométrique. Les publications en portfolio (recueils de modèles) diffusent le style, vu alors comme un symbole de modernité. Les boutiques, vecteurs de découverte de l’Art déco dans les villes en sont le plus bel exemple : de nouveaux matériaux sont utilisées et on assiste à la naissance des éclairages artificiels et au renouveau des décors et des présentations.

L’essor du chemin de fer et de l’automobile favorisent le développement du tourisme et avec lui celui des lieux de villégiatures sur les côtes françaises : hôtels, casinos, dancing, bars, cafés, restaurants s’adaptent et se parent d’une image dynamique.

Les habitations, hôtels particuliers comme HBM (habitions bon marché), ne sont pas en reste et empruntent à ce nouveau style. Les équipements publics font face à différents progrès techniques et se modernisent eux aussi (cités hospitalières, postes, stades, piscines…).

En 1925, une nouvelle attention est portée aux enfants. Un mouvement international de l’Éducation nouvelle voit le jour. Il a pour but de développer la sensibilité artistique et l’épanouissement de l’enfant par l’autonomie et l’expérimentation. Que ce soit dans la décoration, le mobilier, les jouets ou encore les livres (la décennie voit naître les albums du Père Castor ou encore Babar), l’univers de l’enfant change.

Les années 20-30 sont aussi celles des transatlantiques. Pour séduire, les paquebots se mettent à l’Art déco , à l’image de l’Ile de France ou du Normandie, richement décorés et animés dans le goût des Années folles.

L’exposition internationale de 1925 a été un catalyseur pour la diffusion de l’Art déco, qui se répand dans le monde entier, que ce soit en Europe, en Asie ou en Amérique.

Le parcours proposé, riche et didactique m’a vraiment exaltée ! Car l’exposition, axée de prime abord sur l’architecture, extrapole vers d’autres formes artistiques de cette société avide de changements. Et alors que d’habitude, je ne suis pas attirée par les écrans, cette fois-ci, je me suis laissée séduire par les films diffusés dans les salles mais aussi par les écrans interactifs qui permettent de retrouver nombres de photos de monuments ou de décorations Art déco.

Si j’ai été particulièrement enchantée par cette exposition, c’est surement parce qu’elle nous immerge dans cette folle époque, pleine de nouveauté et d’espoir, dans laquelle j’aurais bien aimé vivre !

Plus d’infos sur l’exposition

PS : si vous avez l’occasion, allez voir aussi les collections permanentes de la Cité de l’architecture et du patrimoine. Elles sont grandioses !

 

 

6 commentaires sur “1925, quand l’Art Déco séduit le monde

  1. bjr,
    Une époque révolutionnaire dans les cultures par delà les frontières et les pratiques du quotidien. Une imagination débridée, sans complexe, poussant à l’expression une quantité énorme de concepts de tous poils, archi certes, mais aussi la mode, les moyens de déplacements, la mesure du temps, l’utilisation des ondes, la com simple et explicite.
    Plus qu’une mode et qu’un art, un nouveau mode de vie adapté à la femme qui avait émergé de son quotidien avec la guerre de 14
    je suis un homme et j’aime bien ce rapprochement dans le quotidien avec la femme
    Dans tous les pays que j’ai pu visiter et admirer cet art même à l’extrème aux USA je sais que je vis dans le design hérité de tous ces excés
    j’ai pu voir à Tel-Aviv où j’ai vécu une ville entière Art déco comme Napier en Nlle Zélande ou un peu moins le vieux Miami
    Mon souhait est qu’une nouvelle époque comme cette époque naisse et bouscule le manque d’imagination et l’art poubelle d’aujourd’ui
    cordialement
    Daniel

Répondre à La Parisienne Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.