Décidément, le groupe SMV (que je vous présentais ici) a le chic pour organiser des soirées culturelles de qualité ! Et ce #SMV166 était empreint de sérénité et de convivialité. Sérénité, tout au long du parcours de l’exposition Tisser les couleurs, qui se tient à la Maison de la Culture du Japon à Paris jusqu’au 17 janvier 2015. Convivialité, lorsque nous avons partagé un verre sur le toit face à la Tour Eiffel. Nous avons pu échangé autour de cette belle exposition qui présente la philosophie de Fukumi Shimura et ses magnifiques kimonos. Son art de la teinture et du tissage lui ont même valu d’être élevée en 1990 au rang de Trésor national vivant au Japon !
Depuis plus de cinquante ans, Fukumi Shimura tisse des kimonos en fils de soie, provenant de son propre élevage de vers à soie. Vivant à Kyoto avec sa fille Yôko, à qui elle a transmis son savoir-faire, elle teint elle-même ses fils avec les végétaux qui l’entourent. Car la nature et sa variété infinie de couleurs la fascinent. Son art est avant tout une quête de coexistence harmonieuse avec la nature. Elle travaille d’ailleurs en fonction du cycle des saisons, en se basant aussi sur le calendrier lunaire.
J’ignore s’il existe quelque part un lieu où les couleurs peuvent être simplement couleurs, sans le support du tissage – étoffes ou kimonos. Mais je sais que les couleurs réclament un tel monde . Je concentre toutes mes forces pour amener les teintes à leur existence et leur laisser suivre leur propre chemin.
Inspirée par la littérature et influencée par le mouvement Mingei, qui reconnait en son temps les arts populaires, elle renouvelle l’art du tsumugi, ce pongée de soie des paysannes japonaises. Ses tissages sont simples et ses motifs se limitent le plus souvent aux rayures. Fukumi Shimura porte cependant une grande attention au choix des coloris. Pour elle, la teinture est une philosophie, simplement parce qu’il est impossible d’extraire des végétaux les couleurs que l’œil perçoit.
Autrefois je pensais qu’il fallait consacrer dix ans à une couleur, aujourd’hui je pense qu’il faut une vie. […] Je deviens une avec les couleurs.
Ses kimonos ont tous un sens. « L’unique » représente les premières manifestations du printemps. « Tout au bout du Lac Biwa » rappelle la beauté mystérieuse de ce lac, au moment où sa surface est baignée par les rayons de la lune. « Haneul » renvoie au ciel, à la voûte céleste.
On ne peut vivre avec le blanc pour seule couleur.
Ces tsumugi ne sont pas donc de simples étoffes : ils sont porteurs d’un message en lien avec la philosophie de l’artiste. Et ils ont un rapport étroit avec la nature. A plus de 90 ans, Fukumi Shimura continue de transmettre son art du tissage et son amour de la nature. Elle viendra d’ailleurs avec sa fille donner une conférence à la MCJP le 18 décembre prochain à 18h30. En attendant, je ne peux que vous inviter à aller vous ressourcer devant ces kimonos qui nous emmènent loin dans les profondeurs du Japon.
Ah j’ai râté ça. je vais y aller vite alors, sans SMV !
Cet article donne trop envie d’y aller ! J’adore les photos des textures.
Superbe exposition que j’ai pu apprécié récemment…et vous savez en transmettre l’essentiel, notamment la sérénité émanant des écrits qui rythment ce parcours aux teintes subtiles.
Merci pour ces photos de grande qualité!
A voir absolument…
Merci pour vos petits commentaires (qui font chaud au cœur ^^)