Encore une fois, cela faisait une éternité que je n’avais pas visité une exposition ! Une éternité aussi que je n’avais pas mis les pieds au Musée des Beaux-Arts de Rouen ! Lors de mon dernier week-end prolongé en Normandie, j’ai donc remédié à tout ça en allant arpenter l’exposition « Manet, Renoir, Monet, Morisot… Scènes de la vie impressionniste », en place jusqu’au 26 septembre prochain. Celle-ci s’inscrit dans le Festival Normandie Impressionniste, pendant lequel les visiteurs sont invités à découvrir l’impressionnisme et ses liens avec la Normandie, au travers de 450 événements artistiques et culturels (expositions, spectacles, animation du patrimoine…) répartis dans toute la région (récemment réunifiée !). Pour cette troisième édition, le festival a choisi de mettre en lumière les portraits impressionnistes et, avec pas moins de 140 œuvres exposées – peintures, dessins, lettres, sculptures, photographies -, le Musée des Beaux-arts de Rouen présente somptueusement cet aspect méconnu de l’impressionnisme.
Si Manet, Renoir, Monet, Morisot ou encore Degas ou Pissarro – entre autres – étaient célèbres pour leur peinture de paysages et de scènes de plein air, l’exposition nous apprend qu’ils excellaient aussi dans la peinture de portraits et de scènes de genre. Dévoilant intérieurs bourgeois et moments intimes, les impressionnistes utilisent le portrait pour se faire une place sur la scène artistique mais aussi, et surtout, pour représenter la vie moderne et ses nouveaux codes. La mutation de la société et de la vie quotidienne qui s’opère à la fin du XIXe siècle fournit alors un nouveau motif aux impressionnistes. A travers onze thèmes traités de façon chronologique, l’exposition nous emmène donc découvrir, sous leurs pinceaux, la naissance de notre société contemporaine.
L’exposition s’ouvre sur une facette inédite de Claude Monet avec une petite série de caricatures et de portraits-charges réalisés au tout début de la carrière de l’artiste, qui signe encore de son premier prénom : Oscar. La salle suivante montre la manière avec laquelle les impressionnistes reprennent à leur compte la tradition des portraits de famille, en saisissant ce qui constitue pour eux le « vrai » quotidien.
L’exposition se poursuit avec une sélection de portraits d’artistes et de marchands d’art faits par d’autres artistes. Cet échange de bon procédé témoigne du réseau d’amitié, de solidarité et de dépendance des peintres mais aussi de leur désir de défier la société. Plus loin, les tableaux exposés attestent de la grande place occupée par la femme dans l’impressionnisme : une femme moderne, toute en séduction, présentée dans ses belles toilettes et son cadre de vie.
L’exposition continue d’explorer les bouleversements du dernier tiers du XIXe siècle en révélant la nouvelle place qui est donnée à l’enfant. Une meilleure connaissance de sa psychologie et de son développement font de lui une personne à part entière. Le portrait d’enfant a alors un succès grandissant et la famille est représentée dans ses moments intimes et ordinaires, avec une affection toute nouvelle.
L’exposition dévoile également un nouvel intérêt pour l’adolescence et ses spécificités. La représentation des jeunes filles reste cependant stéréotypée, à quelques exceptions près. Les transformations sociales de la fin du XIXe siècle constituent quant à elles des sujets inédits pour les impressionnistes. Les nouveaux lieux de plaisir – café, opéra, square – et leurs possibilités plastiques – miroirs, éclairage artificiel – permettent alors aux artistes de peindre des allégories de la vie moderne.
L’exposition s’achève avec des toiles représentant l’intimité nouvelle imposée par la bourgeoisie. La demeure est désormais un havre de paix, dans lequel les impressionnistes capturent des scènes de la banalité quotidienne, la femme étant le plus souvent représentée dans sa sphère privée – la chambre, le boudoir et le cabinet de toilette.
Enfin, dans la dernière salle, l’exposition évoque l’année 1900 qui voit le triomphe de l’impressionnisme. Triomphe qui ne se dément pas encore aujourd’hui ! Je ne peux que vous conseiller d’aller visiter cette exposition foisonnante, dans laquelle on peut admirer des toiles venues du monde entier (des Etats-Unis notamment). Grâce à la très belle scénographie de l’exposition – dans de très beaux espaces d’ailleurs -, on fait littéralement un saut dans le temps et on prend plaisir à découvrir toute une époque à travers le regard des impressionnistes !
Plus d’infos sur le site et la page facebook du Festival Normandie Impressionniste
