J’ai l’impression que cela faisait un siècle (au moins !) que je n’avais pas visité une exposition parisienne. Alors, pour mon retour dans l’univers feutré des musées, j’ai été faire un tour dans la petite expo qui se tient à la Maison de Victor Hugo de la place des Vosges à Paris jusqu’au 21 février 2016 : Eros Hugo – Entre pudeur et excès. Autour des œuvres graphiques de Victor Hugo – et notamment de ses magnifiques dessins à l’encre – , sont présentés des sculptures, des peintures, des dessins et des gravures d’artistes de son époque, afin d’illustrer le propos de l’exposition : l’amour et le désir représentés dans ce qu’ils ont de plus chastes et de plus violents. Ce thème trouve d’abord son origine dans la double facette de l’oeuvre de l’écrivain qui, dans ses textes, a tantôt fait l’apologie d’amours idylliques et purs, tantôt retranscrit des passions ardentes. Ce double aspect se retrouve ensuite dans la vie même d’Hugo, connu pour avoir été un coureur effréné et un libertin, après un mariage dans les règles de la bienséance.
L’exposition suit chronologiquement Victor Hugo parmi ses contemporains, qui ont eu tendance à verser dans l’érotisme, alors que lui-même ne s’y aventurera pas. Des textes peu connus sont donnés à lire et à entendre tout au long du parcours, afin que le visiteur sente comment Eros, la figure du désir dans sa libre expression, préside à la puissance créatrice d’Hugo.
1820-1832. Au début de sa carrière, Victor Hugo se marie avec Adèle et se montre un amoureux sérieux, cachant sa nature fougueuse. Cette tendance à la passion se retrouvera dans ses premiers romans, qui feront écho aux romans gothiques du début du XIXe siècle, où l’amour n’est que tentation et violence.
1829-1851. Victor Hugo se débarrasse de la morale dans sa vie comme dans son oeuvre. Il entretient une relation passionnée avec Juliette Drouet, avant que sa vie intime ne devienne chaotique. Sa poésie s’intériorise et se féminise tandis que dans ses pièces de théâtre se jouent la violence des passions.
1852-1870. Pour Victor Hugo, la femme occupe une place centrale. Elle est l’esprit et la chair. Dans ses écrits, il décline toutes les sortes d’amour, mais sans jamais mettre en scène l’amour physique.
Eros. Le monde de Victor Hugo est possédé par le désir, qui s’exprime avec violence et crudité dans son oeuvre. Cependant, ses écrits au caractère sensuel seront publiés de manière posthume.
J’ai passé un délicieux moment dans cette exposition scénographiée dans de beaux espaces, grandioses et intimistes. Même si elle est prétexte à montrer une sensualité, une sexualité, voire même une certaine cruauté de l’époque d’Hugo, elle dévoile un autre pan de ce fascinant personnage.