L’Historial Jeanne d’Arc

Je me souviens que, petite, j’aimais m’arrêter devant les murs de l’archevêché de Rouen où sont apposées deux plaques disant ceci : « Dans ce palais archiépiscopal le mardi 29 mai 1431 a été tenue la séance du procès de Jeanne d’Arc où elle fût citée à comparaître le lendemain au Vieux- Marché » et « Dans ce palais archiépiscopal le mercredi 7 juillet 1456 fut rendue la sentence de réhabilitation de Jeanne d’Arc le cardinal d’Estouteville étant archevêque de Rouen ». Je me plaisais alors à penser que, dans ma ville, s’étaient joués deux moments clés de l’Histoire de France ! Lorsque j’ai appris que l’Historial Jeanne d’Arc serait installé ici, j’ai été ravie que Jeanne ait enfin son musée à Rouen et que l’on puisse arpenter les salles du palais archiépiscopal, entièrement restaurées et ouvertes pour la première fois au public (il y a tout juste deux mois !) J’ai été encore plus enthousiasmée en découvrant son parcours muséographique immersif, qui emmène le visiteur au cœur de l’épopée et du mythe de Jeanne d’Arc !

La visite de l’Historial Jeanne d’Arc, qui se veut familiale – pour ma part, j’ai emmené ma mère, mon frère et même ma grand-mère (j’ai aussi vu des enfants très intéressés) -, se déroule en deux temps : dans un premier temps, nous revivons de l’intérieur le procès en réhabilitation de Jeanne, grâce à un parcours scénographique utilisant des dispositifs multimédia dernier cri ; et dans un second temps, la postérité de Jeanne et le développement de son mythe à travers les siècles nous sont contés dans des salles plus traditionnelles.

La visite de l’Historial Jeanne d’Arc débute donc par une expérience immersive au cœur du XVe siècle. Guidés par la silhouette de Juvénal des Ursins, ecclésiastique et juriste qui fut le maître d’œuvre du procès en réhabilitation de Jeanne d’Arc, nous prenons part à une véritable enquête judiciaire, servie par des témoignages historiques (qui sont délivrés par des acteurs reprenant des extraits du manuscrit du procès). Tout au long de cette enquête, le parcours-spectacle, créé spécialement pour l’Historial, nous faire revivre l’épopée de Jeanne. Et ce au sein de sept espaces au caractère médiéval et au fort pouvoir d’évocation : la crypte romane, la crypte gothique, les anciennes cuisines, l’ancienne office, l’escalier à vis du Cardinal d’Estouteville, le grand comble et le petit comble. Le parcours dure 1h15 – on ne voit pas le temps défiler tant celui-ci est passionnant ! – et se fait en français, avec une synchronisation dans cinq autres langues via des traducteurs mobiles.

Avant de passer à la suite de la visite de l’Historial Jeanne d’Arc, nous sommes invités à monter à la tour de guet du XVe siècle, offrant un panorama inédit sur les toits et les monuments de Rouen : je suis tombée littéralement sous le charme de cette vue qui conjugue mon amour pour les toits et mon amour pour ma ville !

La visite de l’Historial Jeanne d’Arc se poursuit par la découverte de la mythothèque, qui se développe sur trois salles. Cette bibliothèque d’un nouveau genre narre la construction du mythe de Jeanne d’Arc. Figure légendaire de son vivant, cette dernière fût ensuite assimilée, interprétée, détournée. Des ressources documentaires consultables sur des bornes et tables numériques (et disponibles aussi ici), donnent des clefs sur les débats nés autour de l’icône Jeanne d’Arc et de son influence sur la ville de Rouen, sur la Nation, sur l’Eglise ou sur les Arts. Un autre dispositif multimédia, permet aux historiens de répondre aux questions que l’on se pose le plus fréquemment sur Jeanne. Et c’est dans la majestueuse salle des Etats et dans la lumineuse chapelle d’Aubigné, datant toutes deux du début du XVIIIe siècle, que s’achève cette plongée dans l’Histoire aux côtés de Jeanne d’Arc. Deux salles qui accueilleront ponctuellement expositions temporaires, conférences et concerts.

Accolé à la cathédrale de Rouen et situé non loin de la place du Vieux Marché où elle fût brûlée vive, le palais archiépiscopal était le lieu idéal pour accueillir ce musée dédié à Jeanne d’Arc. Une restauration de grande envergure a permis de rendre au bâtiment, classé aux Monuments historiques, son identité médiévale et de mettre en valeur les installations scénographiques au sein de son architecture. Le chantier, placé sous l’égide de l’Etat et de la Métropole Rouen Normandie, a duré 18 mois et a fait appel à de nombreux corps de métiers, notamment en matière de nouvelles technologies.

Je ne peux donc que vous conseiller cette visite, qui raconte avec fougue la vie de Jeanne d’Arc. Qui plus est, celle-ci est guidée par des accompagnateurs, qui donnent des indications précieuses sur les salles du palais entre les projections, et qui sont aux petits soins des visiteurs (notamment pour mener les personnes à mobilité réduite aux ascenseurs). Enfin, je trouve que le prix d’entrée de l’Historial Jeanne d’Arc – 9,50€ pour les adultes ; 6,50€ pour les enfants à partir de 6 ans – est somme toute modeste comparé à la richesse de ce que l’on y apprend ! J’ai d’ailleurs une petite anecdote à vous raconter : saviez-vous que la date du 8 mai 1945, qui marque la fin officielle de la Seconde Guerre mondiale, coïncide avec la date de la libération d’Orléans par Jeanne d’Arc (en 1429) et donc avec la date qui avait été choisie par la République pour célébrer celle que l’on appelle aussi la Pucelle ?!

Plus d’infos sur le site et la page facebook de l’Historial Jeanne d’Arc