En arpentant les couloirs du métro, les affiches de l’exposition rétrospective consacrée à Diane Arbus, au Jeu de Paume, m’ont intriguée. Ne connaissant pas le travail de cette photographe du XXe siècle, je suis allée le découvrir en dilettante. (Je vais vous en parler au passé, l’exposition n’a plus cours!)
Il fallait être courageux pour patienter trois quart d’heure dans le froid avant de pouvoir poser un pied dans l’exposition. Quand j’ai enfin pu entrer, je m’attendais à avoir beaucoup d’explications sur le travail de l’artiste. Mais que nenni (oui j’aime beaucoup cette expression). A l’entrée des salles, un simple panneau annonçait que l’exposition n’offrait un parcours ni chronologique, ni thématique. « Les œuvres sont elles même le fil conducteur du regard du spectateur », nous disaient-on. Seuls les titres accompagnaient donc les quelques 200 photographies présentées. Soit.
Et il y avait à voir dans ces photographies. Toutes méritaient qu’elles soient examinées attentivement. Elles dégageaient toutes une puissance, un impact, que chaque spectateur ressentait de manière différente. (Ça, je m’en suis bien rendue compte en écoutant les commentaires des gens autour de moi. On aurait presque pu en faire une étude sociologique portant sur : « les différentes réactions suscitées chez un individu par des photographies en N&B ». Mais bon, ce n’est pas le sujet). J’ai donc observé attentivement ces portraits.
Des portraits de personnes ordinaires, appartenant aux 50’s ou 60’s, rencontrées dans New York et ses alentours. Dans ces portraits, le regard des personnes prises en photo était déroutant. Soit elles ne regardaient pas l’objectif et nous semblaient lointaines. Soit elles regardaient le photographe, mais sans jamais sourire. Une mélancolie et un certain mystère entouraient les photographiés. Qui étaient-ils? Où allaient-ils?
Des portraits exposant le bizarre, l’étrange. Des nains, des handicapés mentaux, des jumeaux. Et plus présents encore, des travestis, des transsexuels. Dans ces portraits, ils n’étaient pas mis en scène. Ils étaient donnés à voir dans leur vérité crue. Peut-être pour montrer qu’ils étaient réels? Qu’ils existaient?
Ainsi, Diane Arbus prouvait par l’image que l’étrange et le mystérieux, le féminin et le masculin, l’anormalité et la normalité pouvaient se confondre. Et être présents aussi bien dans un jardin public que dans un cirque.
A la fin de l’exposition, quelques éléments biographiques sont fournis. Sans pour autant expliquer cette œuvre singulière, qui a influencée considérablement la photographie américaine. Sans répondre à toutes les questions suscitées. L’artiste a dit à ce sujet – et nous en étions prévenus à l’entrée dans l’exposition : « Une photographie est un secret sur un secret. Plus elle vous en dit, moins vous en savez »…