En visitant en avant-première l’exposition Climats artificiels, qui se tient à la Fondation EDF jusqu’au 28 février 2016, il m’a fallu, comme souvent lorsqu’il s’agit d’art contemporain, un petit temps d’adaptation. Un petit laps de temps pour m’approprier les œuvres, les comprendre, et profiter pleinement de ce que ces artistes nous donnent à voir mais aussi à penser. Car l’exposition accueille une trentaine d’œuvres plastiques – installations, vidéos, photos -, proposant des visions métaphoriques sur les enjeux climatiques, qui amènent le visiteur à se questionner. La Fondation EDF, qui s’est établie dans une ancienne sous-station électrique du 7e arrondissement de Paris et qui héberge depuis 25 ans des expositions narrant le rapport entre l’homme et la nature, porte ainsi le positionnement de l’entreprise sur les questions climatiques. Climats artificiels fait également écho à la COP21, la Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui se déroulera à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015. Pour autant, l’exposition se veut plus poétique que politique et cherche à évoquer plus qu’à illustrer.
Les œuvres exposées suggèrent et recréent le climat, en parlent et s’en nourrissent. Les artistes présents dans l’exposition ont été enjoints à faire de ce dernier un outil, et non un support de contestation. Des paysages naturels, domestiqués ou artificiels sont présentés au visiteur comme autant d’images ou d’expérimentations du climat. L’exposition s’ouvre avec l’installation Cloudscapes de Tetsuo Kondo, dans laquelle le visiteur est invité à entrer afin de pénétrer dans un nuage (dont la composition est reproduite à l’identique) se trouvant en haut d’un escalier. L’expérience est déroutante, tant par la symbolique de l’oeuvre – la question de l’artificialité est ici posée – que par l’irrespirabilité au sein du nuage. Climats artificiels se décompose ensuite en trois sections, que j’ai décidé de ne pas vous présenter dans l’ordre établi par la commissaire de l’exposition, Camille Morineau. Car je préfère cheminer de l’étage du dessous à celui du dessus, du plus sombre au plus lumineux, du plus angoissant au plus apaisant, et privilégier ainsi un certain optimisme face aux préoccupations climatiques d’aujourd’hui.
Catastrophes ordinaires expose des visions cauchemardesques autour de bouleversements d’origines naturelles ou artificielles. Pour exemples, l’œuvre intitulée Champs d’Ozone du collectif HeHe se sert de données sur la qualité de l’air de Paris afin de les transposer dans un dispositif engendrant différentes couleurs, sans donner la signification de ces dernières ; l’œuvre intitulée Sillage de Cécile Beau et Nicolas Montgermont présente une image topographique d’une zone sismique se reflétant dans un liquide sombre, qui, lui, est animé par la reproduction de vibrations sismiques. Des ondes se forment sur le liquide et l’image projetée devient floue.
Équilibres précaires montre l’état éphémère d’un environnement, en regroupant des œuvres qui évoluent ou ont évoluées, qui passent d’un état à un autre ou qui se trouvent dans un équilibre instable. Pour exemples, l’œuvre intitulée Présage d’Hicham Berrada présente des écosystèmes constitués à partir de produits chimiques disposés en quantités définies dans des aquariums. Les formes créées évoluent pendant plusieurs mois sans jamais vraiment se stabiliser ; l’œuvre intitulée La Mer d’Ange Leccia cherche à sensibiliser le visiteur à l’écume de mer, en lui montrant des vagues filmées à la verticale.
L’état du ciel présente différentes captations du climat, questionnant la nature, la remettant en cause ou la détournant. Pour exemples, l’œuvre intitulée Village Green de Vaughn Bell se compose de biosphères autonomes de verdure. Le visiteur peut passer sa tête à l’intérieur afin de respirer leur environnement ; l’œuvre intitulée Cloud with its Shadow de Marina Abramovic, faite d’une cacahuète qui crée l’ombre d’un nuage, suggère la nécessité de penser dans une dimension différente ; l’œuvre intitulée Sky Over Coney Island de Spencer Finch, faite de ballons bleus, reproduit la couleur que le ciel de Coney Island présentait le 21 novembre 2004 à 13h14.
Les œuvres de l’exposition Climats artificiels ne peuvent laisser le visiteur indifférent, même si certaines d’entre elles semblent difficiles à saisir de prime abord. Tout un chacun pourra trouver son compte dans cette exposition un brin philosophique, que l’on peut aussi envisager de manière ludique. Celle-ci agit également comme une piqûre de rappel et permet de nous remettre à l’esprit que les questions climatiques sont l’affaire de tous.
L’accès à l’exposition est libre et gratuit, du mardi au dimanche
Plus d’infos sur le site et la page facebook de la Fondation EDF